Panama papers – Circulez y a rien à voir

Temps de lecture : 4 minute(s)

Le scoop du siècle, le plus grand scandale de tous les temps mettant à jour des fraudeurs des quatre coins du globe !   Onze millions de documents pour un total de 2,6 terrabyte.  Des journalistes spécialisés issus de 108 journaux répartis dans 76 pays ont eu accès aux sources de ces documents issus du Cabinet Mossack Fonseca.

Les chiffres donnent le tournis.  Immense, on vous dit.  Hollywoodien.  D’ailleurs cela me fait un peu penser à la description de l’album Astérix et Cléopâtre telle qu’elle était parue dans « Pilote », qui  moquait gentiment la production pharaonique du film  Cléopâtre de Mankiewicz (avec en vedette Elisabeth Taylor et Richard Burton), et dont la couverture de l’album parodie l’affiche.

« 14 litres d’encre de chine, 30 pinceaux, 62 crayons à mine grasse, 1 crayon à mine dure, 27 gommes à effacer, 38 kilos de papier, 16 rubans de machine à écrire, 2 machines à écrire, 67 litres de bière ont été nécessaires à la réalisation de cette aventure »

De quoi parle-t-on ?

D’un ensemble de fichiers qui auraient été transmis à l’ICIJ par une source anonyme et qui contiennent des données relatives aux clients du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore.

Qu’est-ce que l’ICIJ ?

The International Consortium of Investigative Journalists is a global network of more than 190 investigative journalists in more than 65 countries who collaborate on in-depth investigative stories.

L’ICIJ est une émanation du Center for Public Integrity financé notamment par :

L’Open Society Foundations est  est un réseau de fondations créé en 1979 par le milliardaire américain George Soros. Les objectifs de ce réseau sont de promouvoir la gouvernance démocratique, les droits de l’homme et des réformes économiques, sociales et légales. Connu sous le nom d’Open Society Institute, son nom a été changé en août 2010 pour mieux refléter son activité.

Pour le dire autrement, c’est une fondation qui soutient surtout une certaine forme de démocratie et qui n’hésite pas à utiliser tous les moyens pour parvenir à ces « réformes économiques, sociales et légales ».

Comme on l’a vu dernièrement en Ukraine et plus généralement dans toutes les révolutions « oranges ».

Une machine de propagande subversive visant à installer en Europe Centrale des régimes favorables à la droite Américaine.

Concrètement qu’est-ce qu’on a ?

Le présentation dithyrambique et les adjectifs ronflants dissimulent mal une réalité nettement moins séduisante :

  • Contrairement à ce qu’on laisse penser, les documents ne sont pas publics.  Il ne faut pas se laisser abuser par les termes « open » et par le parallèle qui a été fait ici et là avec Wikileaks (il n’y a aucun rapport).  Pas question que vous puissiez vous faire votre propre idée sur base des informations brutes.
  • Les données sur lesquelles les journalistes se sont focalisés sont partielles, et donc quelque part, partiales.
  • De plus en plus de voix moqueuses se font entendre pour demander où sont les Américains dans ce florilège, puisque c’est quand même là qu’on compte le plus de milliardaires (à l’exception de la Chine) ?
  • Etre à la tête d’un montage financier passant par des sociétés offshore n’implique nullement la fraude.  Dans la plupart des cas, de simples raisons d’optimisation fiscale ou de discrétion peuvent motiver une telle décision.
  • Une bonne partie des cas de fraude fiscales faisaient déjà l’objet d’enquêtes au niveau national.

Méthodologie

Sur France Inter, interrogé par Léa Salamé :

Léa Salamé : « Vous avez dit on a tapé toute une sorte de noms…  »

Jérôme Fenoglio : « C’est comme ça qu’on fait dans une base de données aussi large. »

Okay, donc en gros, ils ont cherché pour voir si certaines personnes s’y trouvaient…  Déjà, on peut se demander si cette recherche concernait plus spécifiquement des gens qu’ils auraient aimé y trouver, et le cas échéant, s’ils ont pris la peine de tester certains noms qu’ils n’auraient peut-être pas aimé y trouver.

Partant de là je me demande quand même un peu comment ils parviennent à mettre Vladimir Poutine en tête de classement puisque précisément son nom n’apparaît nulle part.  Tout comme celui de Bachar al Assad, qui pourtant figure juste derrière lui au palmarès.

Les mêmes journaux parlent en revanche fort peu de Petro Porochenko ou du Roi Salman d’Arabie Saoudite, qui eux sont clairement impliqués.

Conclusion

Une énième tentative de Washington pour décrédibiliser les régimes qui s’opposent à sa domination.

Enquête à charge et des arguments ténus comme des cheveux d’anges posés comme si c’étaient des preuves accablantes.

Rien de nouveau sous le soleil.  Ah si, quand même, on peut dire que la propagande est nettement plus virulente qu’elle ne l’était au pire moment de la guerre froide.

Et qu’elle ne s’embarrasse plus de faire illusion de vérité.

Pour ceux qui auraient le plus léger doute

Quel serait l’intérêt pour Poutine de placer de l’argent au Panama (qui est plus ou moins directement dans le jardin de l’Oncle Sam) alors qu’il pourrait le planquer en Chine ou dans n’importe quelle république Caucasienne ?

L’évasion fiscale est surtout l’apanage des gens qui veulent dissimuler leurs revenus au fisc, et je ne vois pas en quoi il serait difficile à Poutine de dissimuler une partie de sa supposée fortune au fisc.  Surtout si l’on s’en tient à la propagande qui le voit comme un dictateur capable de tuer dans l’oeuf toute enquête qui le viserait lui ou ses proches ?

On nous prend vraiment pour des cons.

avatar

Philippe Huysmans

Webmaster du Vilain Petit Canard, citoyen de nationalité belge, marié et père de deux enfants. Je vis en Belgique et j’exerce la profession d’Informaticien à Bruxelles. Mes articles